Roman d’Amélie Cordonnier
Editions Flammarion
« Elle gravit son calvaire sur les escaliers de la nuit. »….
Et pourtant tout semblait bien parti, un bébé adorable, une grande sœur aimante et attentionnée, un mari qui travaille mais qui prend le relais quand il le peut. Le tableau semble presque idéal et le lecteur se demande bien ce qui va pouvoir enrayer cette belle mécanique.
Et puis il y a cette tache sur la peau de son enfant et un gouffre se creuse sous ses pieds, presque instantanément, un trou sans fond, une chute sans impact. Une souffrance sans mots mais en actes. Cette mère se met à chercher désespérément pourquoi la peau de son bébé change de couleur, va chercher sur les forums des réponses, et c’est pire.
« Plusieurs mères se demandent quelle sera sa couleur finale, et ça la rend malade, parce que par trois fois elle lit mal, croit voir solution finale. »
Elle a honte, se déteste, et rejette de plus en plus ce bébé. La maltraitance n’est pas loin, les poils se hérissent mais impossible de juger tant la souffrance n’est pas feinte.
Les interrogations se succèdent, un par un les voiles posés sur son enfance se soulèvent et c’est son âme qui se déchire, l’entraînant plus profond encore.
Rien ne semble pouvoir arrêter cette spirale infernale où mère et enfant souffrent.
Amélie Cordonnier interroge un sujet difficile, celui de l’instinct maternel, cet amour inconditionnel dont serait dotée chaque femme… C’est sans compter l’histoire de chacune, les parcours de vie, ce qui habite chacune, parfois au plus profond, ignoré souvent et qui affleure seulement.
Le rejet induit une violence inouïe, dans les pensées d’abord, dans les faits ensuite, le pire est possible, à chaque instant. Ce livre rend hommage à ses femmes qui se battent de toutes leurs forces contre un instinct de mort pour préserver au minima la vie. Il effleure aussi ces enfances blessées par un manque, un manque d’attention, d’amour, de soins… Il dit que rien n’est simple. Mais que parfois la vérité peut être plus douce.